Cobra Studios, de Paris à Bruxelles
Le belge Kenny Decommer, architecte de formation et le français Hugues Delaunay, scénographe et set designer, ont créé ensemble Cobra Studios, nouvelle agence de design au post-modernisme chic et ludique. Rencontre.
Sparksmeeting – Escalier par Cobra Studios – Photographie : @tijsvervecken
– Comment a débuté l’aventure Cobra Studios ?
Cobra est né lorsque nous avons emménagé dans notre nouvel appartement à Bruxelles, au rez-de-chaussée d’un hôtel particulier. Nous n’avions à l’époque ni le mobilier adéquat pour le meubler, ni le budget pour investir dans des meubles de designers. Nous avons donc eu l’idée de dessiner et produire nos propres pièces. Avant d’être satisfaits du résultat final, nous sommes passés par de longues phases de prototypage. Une fois les réalisations abouties, nous avons communiqué sur nos créations via un shooting photo. Peu de temps après, le magazine Wallpaper nous a proposé d’écrire un article. C’est à la suite de cette très belle parution que le studio a vu le jour.
– En quoi êtes-vous complémentaires et comment travaillez-vous ensemble ?
Nous avons tous les deux beaucoup d’idées et une esthétique similaire. Ce qui nous intéresse le plus est la recherche de nouvelles formes et matières. Kenny, par sa formation, est très technique, il est très habile avec les logiciels 2D et 3D, sa créativité ne cesse de me surprendre. De mon côté, je suis très manuel et constamment en train de tester de nouvelles choses, de réfléchir à des concepts novateurs. Nous sommes entourés d’objets et de matières que nous collectionnons depuis plusieurs années, on s’amuse avec en les détournant, afin d’aboutir à un semblant d’objet qui sera modifié plusieurs fois avant d’être produit.
Sparksmeeting – Comptoir par Cobra Studios – Photographie : @tijsvervecken
– Kenny, que retenez-vous de vos années à Paris et de votre travail pour la Bibliothèque Nationale notamment ?
Beaucoup de découvertes et de belles rencontres. Travailler et vivre dans une des plus belles villes du monde stimule la créativité. L’opportunité de travailler en collaboration avec Dominique Perrault a ouvert ma vision sur le monde de l’architecture et de la création en général.
– Hugues, vous avez collaboré avec des marques prestigieuses telles que Ralph Lauren, Paul Smith ou Chloé par le passé, que retenez-vous de ces expériences ?
Avoir eu la chance de pouvoir exprimer ma créativité à travers l’univers de designers a enrichi ma curiosité. Mon métier m’a permis d’explorer les arts en général (design, architecture) : le travail de la couleur et des formes, l’agencement des espaces….
– Pour l’un comme pour l’autre, qu’est-ce qui diffère profondément entre Bruxelles et Paris sur le plan du design et qu’est-ce qui vous inspire dans chacune de ces villes ?
A Paris comme à Bruxelles, la scène du design est très riche. La différence est qu’à Paris tout semble plus compliqué, du fait du manque d’espace pour permettre de créer par exemple…
A Bruxelles les opportunités créatives sont beaucoup plus accessibles, l’atmosphère y est plus agréable et décontractée, contrairement à la frénésie parisienne.
Sparksmeeting – Lounge par Cobra Studios – Photographie : @tijsvervecken
– Il y a en ce moment une exposition sur les années 80 au Musée des Arts Décoratifs. Certains que vos travaux renvoient à l’esthétique de ces années-là. On pense au design géométrique des débuts de Stark, aux meubles de Martin Szekely, mais aussi à Ettore Sottsass, pour l’approche ludique et colorée notamment. Est-ce une décennie qui vous a marqué ?
Non pas vraiment, nous essayons de créer notre propre esthétique, et notre inspiration découle de ce qui nous entoure.
– On retrouve également un certain classicisme dans certaines de vos pièces, notamment les colonnes romaines. Vous aimez les contrastes il semble, dans les formes mais aussi les matériaux utilisés.
L’antiquité nous passionne, nous nous inspirons de certaines formes et matières autrefois utilisées, et en effet, les contrastes sont omniprésents dans nos créations, le but étant d’arriver à des objets surprenants et contemporains en alliant de nouveaux matériaux à des formes simples connues de tous. C’est le clash des matières, des couleurs et des formes qui nous intéresse le plus.
– Pour la Gem Side Table , vous avez utilisé des blocs de résine recyclée comme de véritables pierres précieuses, par la technique dite du ‘lapidaire’, pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour ces objets, l’idée est de créer un objet à partir de matière existante. Nous utilisons des blocs de résine voués à la destruction pour causes d’imperfections et de couleurs non conformes, ce qui permet de donner une seconde vie à la matière brute en la sculptant comme une pierre précieuse afin de créer un objet unique en sa forme et couleur. Qui ne rêve pas d’une émeraude XXXL dans son salon (rires)…
Gem side table par Cobra Studios – Photographie : @mathijslabadie
– Vous en proposez de nombreuses variations, similaires et complètement différentes à la fois. Est-ce le côté imprévu de la sculpture même lors de sa conception qui vous attire ?
Oui en effet. Le fait de pouvoir s’exprimer de différentes façons à travers la matière est quelque chose d’incroyable.
– Quels sont vos projets en cours et à venir ?
La rénovation d’un appartement a Athènes en fin d’année, la construction de notre nouvel espace de vie dans lequel nous déménageons prochainement.